Portraits de chercheur.e.s

Jean-Baptiste BAHERS

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Pourquoi et comment devient-on chercheur en géographie ?

« Après mes études d'ingénieur, j'ai vite saisi que la question du territoire était centrale dans les sciences de l'environnement, ce qui m'avait été soufflé par mes professeurs Dominique Bourg et Cyril Adoue. Ce dernier m'a parlé du dispositif CIFRE et après avoir peiné à trouver une entreprise, j'ai commencé une thèse en 2008 sur la récupération-recyclage des déchets à Toulouse à l'UMR LISST. J'ai demandé à Marie-Christine Jaillet et Alice Rouyer de l'encadrer, car elles travaillaient sur les questions de durabilité dans les études urbaines. À la fin de ma thèse, j'ai obtenu un poste d'enseignant-chercheur en évaluation environnementale dans une école d'ingénieur, ce qui fut donc un retour aux sources. Puis, on m'a subtilement glissé que j'avais des cartes à jouer au concours CNRS dans la commission interdisciplinaire 52 " Environnements-sociétés ". C'est ainsi que j'ai atterri à l'UMR ESO (Espaces et SOciétés) en tant que chargé de recherche. »

Quelles sont les difficultés rencontrées dans le domaine de la recherche ?

« Le problème de financement de la recherche, le manque de postes, l'accroissement des charges administratives, la précarisation des étudiant-e-s que l'on a formé-e-s, sont malheureusement connus donc je ne vais pas revenir dessus. Dans mon domaine, une des grandes difficultés est d'obtenir des données à des échelles territoriales suffisamment fines pour produire des analyses situées et contextualisées. Contourner cette contrainte relève parfois de l'acrobatie et d'une forte capacité à convaincre des acteurs de partager leurs données. »

Quel était l'objet de ta dernière mission ?

« La dernière mission que j'ai effectuée était à Göteborg en Suède. J'ai travaillé avec des collègues d'un laboratoire de Chalmers University - dont aucun n'était suédois ! - qui font leur recherche sur le métabolisme urbain, c'est-à-dire le fonctionnement matériel et énergétique des villes. J'en ai profité pour rencontrer des acteurs publics et professionnels afin de les interroger sur les logiques spatiales et sociales du traitement des déchets à Göteborg. J'en retire que les Suédois sont très focalisés sur l'optimisation de leur grande infrastructure, notamment sur ce qu'ils appellent la " récupération énergétique " qu'on connait en France sous le nom d'incinérateurs. Cette logique freine les actions de prévention des déchets, voire de réduction de la consommation, malgré leur forte sensibilisation, car il faut nourrir ces infrastructures. Cette première analyse m'a été confirmée par d'autres collègues politistes de Göteborg, totalement désabusés par le double discours institutionnel suédois. »

Quel est ton meilleur souvenir de chercheur ?

« On dit qu'il y a deux moments sympas dans la vie d'un projet de recherche : quand on reçoit l'acceptation du financeur et quand on lui renvoie le rapport final… J'aime beaucoup le moment où on commence une étude avec plein d'idées en tête et qu'à un moment, pour des raisons qu'on n'explique pas tellement parfois, la recherche initiale bifurque, prend une autre voie et devient beaucoup plus saillante (et marrante). »

Pour terminer, une anecdote sur la recherche à l'IGARUN ?

Je ne suis arrivé qu'en octobre 2018 à l'IGARUN, donc je n'ai pas pléthores de choix… mais j'apprécie le projet d'Atlas social de la métropole nantaise qui permet de travailler collectivement sur un objet à partir de prismes différents. »

 

Jean-Baptiste BAHERS, Chargé de recherche CNRS, ESO Nantes UMR 6590-CNRS, Université de Nantes

jeanbaptiste.bahers@univ-nantes.fr

Bibliography

Bahers J.-B. , Tanguy A., Pincetl S., 2020. Metabolic relationships between cities and hinterland : a political-industrial ecology of energy metabolism of Saint-Nazaire metropolitan and portarea (France), Ecological Economics, Elsevier, 2020, 167. [URL : https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2019.106447]

Bahers, J.-B., Barles, S., Durand, M., 2019. Urban Metabolism of Intermediate Cities : the Material Flow Analysis, Hinterlands and the Logistics-Hub Function of Rennes and Le Mans (France), Journal of Industrial Ecology, 23, pp. 686–698. [URL : https://doi.org/10.1111/jiec.12778]

Bahers, J.-B., Giacchè, G., 2018. Towards a metabolic rift analysis: The case of urban agriculture and organic waste management in Rennes (France), Geoforum. [URL : https://doi.org/10.1016/j.geoforum.2018.10.017]

Bahers J.-B., Durand M. (Direction du numéro), 2017. Le retour de la proximité ! Quelles implications pour les services urbains en réseau ?, Flux, 2017/3, n° 109-110, pp. 1-8. [URL : https://doi.org/10.3917/flux1.109.0001]

Bahers J.-B., Durand M., Beraud H., 2017. Quelle territorialité pour l'économie circulaire ? Interprétation des typologies de proximité dans la gestion des déchets, Flux, 2017/3, n° 109-110), pp. 129-141. [URL : https://doi.org/10.3917/flux1.109.0129]

Illustrations

References

Electronic reference

« Jean-Baptiste BAHERS », Cahiers Nantais [Online], 1 | 2019, Online since 04 October 2021, connection on 21 November 2024. URL : http://cahiers-nantais.fr/index.php?id=1515