Portraits de chercheur.e.s

Josselin GUYOT-TÉPHANY

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Crédit photo : C. CHAUVET - Service photo, Pôle Audiovisuel et Multimédia, Nantes Université

Pourquoi et comment devient-on chercheur en géographie ?

« Je n’avais pas envisagé, lorsque que j’étais jeune, de devenir chercheur et encore moins en géographie. Mais rétrospectivement, je pense que je me suis tourné vers la recherche par envie de comprendre le monde et vers la géographie car c’est une des seules disciplines réunissant en son sein sciences naturelles et sciences sociales. J’ai toujours été autant intéressé par ces deux domaines scientifiques et je ne souhaitais pas me spécialiser dans l’un au détriment de l’autre. Après une licence à l’IGARUN qui m’a permis d’acquérir des connaissances en géographie physique et en géographie humaine, j’ai suivi un Master à l’Université de Metz où je me suis formé à la gestion de l’eau et à l’écologie. J’ai ensuite travaillé pendant trois ans comme chercheur en sciences sociales dans l’archipel des Galapagos (Équateur) pour assister les autorités locales dans la gestion des espaces protégés et l’aménagement des territoires peuplés. Dans la continuité de cette expérience professionnelle, j’ai réalisé un doctorat de géographie à l’Université de Limoges sur les empreintes humaines sur les îles et les récits construits autour de celles-ci. Après avoir enseigné pendant un an à l’Université d’Angers, j’ai été embauché, en septembre 2020, à l’Université de Nantes en tant que chercheur postdoctoral dans le cadre d’un programme international de recherche consacré au multi-usage en mer. »

Quelles sont les difficultés rencontrées dans le domaine de la recherche ?

« Les principales difficultés résultent de la précarisation de la recherche publique. Même si je considère avoir eu jusqu’à présent de la chance, il est difficile de se projeter à long terme quand on a situation professionnelle instable et un avenir incertain. Un autre défi est de réussir à travailler dans un cadre interdisciplinaire et une perspective de science appliquée. On demande aux universitaires de différents horizons de collaborer pour trouver des solutions aux problèmes de notre époque. En pratique, il est difficile de parvenir à articuler nature et culture, science et politique ou encore recherche et action. Aux Galapagos par exemple, j’étais souvent ramené à ma condition de chercheur étranger lorsque j’abordais des problématiques socio-politiques sensibles, alors que mon travail consistait à fournir une expertise scientifique aux autorités locales. »

Quel était ton dernier article ? Quel était son thème de recherche ?

« Je suis en train de terminer une publication sur les enjeux de la recherche sur le multi-usage en mer. Ce papier propose une revue de littérature consistant à dévoiler le contexte politique qui a vu émerger cette notion, la remettre en perspective par rapport à d’autres approches de la gestion des espaces maritimes et identifier des pistes de recherche à explorer. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de retourner sur le terrain depuis ma thèse en raison de la pandémie. J’espère pouvoir bientôt échanger avec les usager.ère.s des espaces maritimes autrement que par visioconférence. »

Quel est ton meilleur souvenir de chercheur ?

« Sans aucun doute mes missions de terrain aux Galapagos, d’abord comme chercheur dans un institut scientifique local, puis comme doctorant. C’est particulièrement enrichissant d’échanger avec les habitant.e.s et leurs représentant.e.s, de s’ouvrir à leurs problématiques et de confronter ses présupposés et ses résultats à leur vécu. Au-delà du plaisir que procure la découverte de territoires et de sociétés qui nous sont étrangers, je suis convaincu que l’expérience du terrain se trouve au fondement de toute démarche scientifique. »

Pour terminer, une anecdote sur la recherche à l’IGARUN ?

« Cela me fait un peu drôle d’être revenu à l’IGARUN après tant d’années et d’avoir comme collègues d’anciens professeurs. J’apprécie beaucoup cet environnement de travail, que je trouve particulièrement chaleureux et convivial. »

 

Josselin GUYOT-TÉPHANY, Chercheur postdoctoral, UMR LETG 6554 CNRS, Nantes Université

josselin.guyot-tephany@univ-nantes

Bibliographie

Guyot-Téphany, J., 2020. « Anthropocène – Histoire du concept », In : Alexandre, F. et al. (Eds.), Dictionnaire critique de l’Anthropocène, Paris, CNRS Editions, pp. 57-61.

Crouteix, O. & J. Guyot-Téphany, 2020. « Le retour du naturel : regards insulaires à partir de l’archipel des Galapagos et des petites îles de Méditerranée », In : Bulletin de l’Association de Géographes Français, 96:2, pp. 282-300. https://doi.org/10.4000/bagf.5105

Guyot-Téphany, J., 2019. Protéger la nature à l’ère de l’Anthropocène : géographies de l’Archipel des Galápagos (Équateur), thèse de Doctorat en géographie, Limoges, Université de Limoges, 559 p. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02358977

Illustrations

Crédit photo : C. CHAUVET - Service photo, Pôle Audiovisuel et Multimédia, Nantes Université

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Référence électronique

« Josselin GUYOT-TÉPHANY », Cahiers Nantais [En ligne], 1 | 2021, mis en ligne le 30 mai 2022, consulté le 19 avril 2024. URL : http://cahiers-nantais.fr/index.php?id=1688