Photographie prise au Kamtchatka en escaladant le Mutnovsky (volcan)
Crédit photo : P. Fattal, août 2004
Claude Cabanne, né en 1933, est un pur produit de l’école républicaine.
Élève maître à l’École Normale de Poitiers dans les années cinquante, il passe le concours de l’ENSET pour devenir élève-professeur puis agrégé de géographie. Recruté à l’Institut de Géographie de Paris-Sorbonne, il devient assistant puis maître-assistant sous la direction de Pierre George. Il prépare alors une thèse sur la Région nantaise concernant les problèmes économiques et les perspectives d’aménagement. C’est ainsi que nous nous rencontrons, alors que je réside à la Cité Universitaire d’Antony, après avoir été reçu moi-même à l’ENSET. Je suis alors recruté dans l’ancienne Sorbonne comme assistant agrégé. Je prépare alors une thèse sur les Grandes Coopératives agricoles en étudiant notamment la Coopérative d’Ancenis, première entreprise agroalimentaire de l’Ouest. Nous sommes donc amenés à échanger nos réflexions sur les entreprises agro-industrielles de l’Ouest.
Maître-assistant à l’Université de Paris 1 issue de la partition de l’ancienne Sorbonne, Claude Cabanne est amené à gérer une partie des enseignements de géographie à la satisfaction de tous, et il s’investit dans les questions pédagogiques en tant que Directeur des Études. Il continue malgré tout sa préparation de thèse par de nombreux séjours dans la Région nantaise où il dispose d’une base logistique à l’Aiguillon-sur-Mer.
Il soutient sa thèse de Doctorat dirigée par Pierre George en 1978 : « La Région nantaise, problèmes économiques et perspectives d’aménagement », 885 pages. Son travail met en valeur les mutations économiques et sociales de la métropole nantaise et de la Basse-Loire.
Il pose sa candidature à un poste de professeur à l’Institut de géographie de Nantes et renforce le pôle organisé par André Vigarié. Il prend la suite de celui-ci à la tête du DEA de la mer, et participe largement aux enseignements du nouveau DESS « Villes et Territoires » et à la MST « Aménagement ». Il assure les stages de terrain avec d’autres collègues pour cette MST représentative de notre Institut. Claude Cabanne est alors un apport précieux pour l’organisation des emplois du temps et la distribution des services à la satisfaction de tous ses collègues.
Mais Claude Cabanne est aussi un très grand voyageur par les échanges universitaires initiés au sein du service des relations extérieures de l’Université de Nantes. C’est le cas de la Côte d’Ivoire où les échanges avec les collègues et les étudiants ont été nombreux et fructueux. Mais aussi avec Madagascar, l’Île Maurice et Bali. Ses publications dans plusieurs volumes des Cahiers Nantais en témoignent.
Il aura l’occasion de faire deux séjours en Polynésie. Le premier dans le cadre des journées géographiques nationales qui nous mènent aussi en Nouvelle Calédonie peu de temps après les tensions et les affrontements dans l’île d’Ouvéa. Il retournera à Tahiti et aux Îles Marquises avec son ancien collègue de Paris 1, Michel Grosse. Nous organiserons ce deuxième séjour avec Jean Renard et moi-même, élargissant notre visite à l’île de Mooréa, à Huahine et à la superbe Bora-Bora. Claude Cabanne en profitera pour lancer un raid vers l’Île de Pâques.
Il sera toujours sensible à l’aspect stratégique de la géographie et donnera durant de nombreuses années des cours à l’école de Saint-Cyr Coetquidan. Ceci en collaboration avec d’autres collègues de l’IGARUN.
Autre grande préoccupation pour ce « géographe sans frontière », c’est le groupe de travail sur la Russie avec le laboratoire Géolittomer, de Moscou à Mourmansk, d’Astrakan à Vladivostok et au Kamtchaka. Sa collaboration avec Elena Tchistiakova sera plus que fructueuse avec la publication d’ouvrages universitaires et de nombreuses missions sur le terrain avec Paul Fattal. Il sera aussi l’initiateur du colloque francorusse de Sotchi.
En retraite en 1993, Claude Cabanne profitera de cette liberté pour élargir ses voyages et ses croisières. Il apportera ses vastes connaissances lors de conférences très documentées à terre ou lors des croisières sur les multiples mers et océans visités. La Méditerranée en sera un espace privilégié, mais aussi la mer Rouge, les Îles de l’Atlantique espagnoles et portugaises. Les pays septentrionaux l’attirent également : l’Islande, la Norvège, le Cap Nord, le Svalbard, l’Alaska. Mais il n’ignore pas l’Afrique du Sud ni les côtes atlantiques et pacifiques de Buenos Aires à Valparaiso.
Comme l’intitule un numéro spécial des Cahiers Nantais de 1993, Claude Cabanne est bien un « Géographe sans frontières ».