AMANAUS est le nom de la mission embarquée extraordinaire qui s’est déroulée le long du fleuve Amazone entre les villes de Manaus et Santarem au Brésil, mission initialement programmée en 2018 et reportée moultes fois.
Cette mission franco-brésilienne, pilotée par deux chercheurs brestois (M. Rabineau et D. Aslanian) réunissait 15 chercheurs de différents laboratoires sur deux bateaux de l’Amazone, le Yane José IV (photo 1) et le Samara Lopes XII, transformés en navires scientifiques pour trois semaines (photo 2). L’Amazone est le fleuve le plus puissant du monde, long de 7 000 km, apportant plus de 20 % des eaux douces continentales à l’océan et charriant plus d’un milliard de tonnes de sédiments par an, de la cordillère des Andes à l’océan Atlantique. L’objectif de cette mission pluridisciplinaire était d’analyser sous toutes les coutures : A) ces transferts de sédiments, qui racontent les climats passés et enregistrent l’impact anthropique actuel (micro-plastiques, polluants), B) le lit du fleuve lui-même, sa géologie profonde afin de comprendre les grands évènements l’ayant affecté, et enfin C) la colonne d’eau et les mélanges des différents affluents (géochimie et ADN). Cette mission revêtant un caractère « unique et précurseur », tant par l’équipe réunie de scientifiques que par les outils utilisés, deux artistes ont été conviées à bord pour enregistrer et témoigner sur le déroulement d’une mission « océano/fluviographique » inédite !
Ainsi, pour la première fois, plus de 400 km de profils sismiques ont été acquis le long du fleuve, en tirant une flûte sismique « marine » de 200 m à l’arrière du bateau (photo 3). Il a fallu pour cela fabriquer une baignoire d’eau salée pour que la flûte « marine » puisse fonctionner correctement dans l’eau douce du fleuve. En parallèle, la bathymétrie a permis de comprendre que le lit de l’Amazone ressemble à un énorme tapis roulant de sable, qui se déroule en immenses dunes (photo 4) sur le fond. Ces dunes, qui peuvent atteindre plus de 8 m de haut à certains endroits, deviennent coalescentes avec de plus petites sur les bords. Une autre prouesse technique a été le prélèvement, au large de Parintins, d’une carotte sédimentaire (photo 5) qui sera analysée à Brasilia. Il reste maintenant à analyser tous ces échantillons pour faire parler l’Amazone… Bien sûr, pour avoir la fin de l’histoire, il faudra absolument retourner sur l’Amazone, entre Santarem et Belem…
Agnès BALTZER, Professeure de géographie, LETG-Nantes UMR 6554 CNRS, Nantes Université
Participants à la mission AMANAUS à bord du bateau SAMARA-Lopes XII
- Marina RABINEAU (Univ. Brest - CNRS- Chef de mission)- Géo-océan (CNRS/Ifremer/UBO/UBS)
- Daniel ASLANIAN (Ifremer Brest - Co-chef de mission) - Géo-océan (CNRS/Ifremer/UBO/UBS)
- Gabriel MOIZINHO (Univ. de Brazilia/Univ. Brest- Thèse)
- Pierre GUYAVARC’H (Ifremer Brest - ingénieur)
- Agnès BALTZER - Laboratoire LETG-Nantes (CNRS/Nantes Université)
- Jérôme MURIENNE - Lab. évolution et diversité biologique (CNRS/Univ. de Toulouse 3/IRD)
- Marco IANNIRUBERTO (Univ. de Brasilia)
- Cintia AGUALTI (Univ. Santarem)
- Laurence MONROE (journaliste/films)
- Céline DESMOULINS (aquarelliste)