Le commerce sur le territoire de Nantes Métropole : un modèle d’organisation spatiale conforme au schéma des villes françaises

Résumé

Les CCI Nantes Saint-Nazaire réalisent depuis plus de vingt ans, l’Observatoire du Commerce en Loire-Atlantique. En 2004, une étude sur le territoire de Nantes Métropole définit une organisation spatiale des activités conforme au schéma des autres agglomérations françaises. L’analyse décrit notamment, le rôle sans cesse croissant de la périphérie, le maintien du dynamisme de centre-ville et la fragilisation des espaces intermédiaires.

Index

Mots-clés

Nantes Métropole, commerce, modèle d’organisation

Plan

Texte

La tradition de Nantes, ville d’échanges, remonte loin. En effet, dès le XVe siècle, on peut relever cette phrase inscrite sur le blason de la cité « Nantes c’est une bonne ville, à tous venans y sont très bons, très riches les marchands ». Durant cette période, la ville se positionne en effet comme un carrefour pour le transport des marchandises entre la Bretagne et le Poitou. Faute de gisements miniers, la région nantaise, à l’image de l’Ouest de la France, est restée quelque peu à l’écart de la grande phase d’industrialisation qui a touché l’Europe à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. En revanche, l’Ouest a connu les premières tentatives de structuration du commerce contemporain. Dès 1894, quelques commerçants fondent l’une des plus anciennes sociétés d’achat en commun, baptisée « le pain quotidien ». Forte de trente-cinq épiciers affiliés, cette association crée en 1920, le Comptoir Coopératif d’Achats qui deviendra à partir de 1928, Unico, puis Système U. En Bretagne, un autre pionnier, E. Leclerc ouvre son premier magasin à Landerneau. Il souhaite raccourcir les circuits de distribution encombrés par une cascade d’intermédiaires inutiles, réduire les marges, introduire la notion de productivité dans le secteur commercial. Malgré de nombreux obstacles, il ouvre trois magasins entre janvier et mai 1955. Cette nouvelle forme de vente, la grande distribution, se diffuse depuis les grandes villes, vers les villes moyennes au cours des années 1970, et concerne l’ensemble du territoire à la fin des années 1980.

La Loire-Atlantique devient très tôt un terrain d’affrontement entre plusieurs enseignes : le département possède en effet une densité commerciale supérieure de 25 % à la moyenne nationale, avec plus de 1 320 m2 pour 1 000 habitants. Afin d’établir un état des lieux exhaustif et d’analyser notamment, les écarts entre l’offre et la demande, les chambres de Commerce et d’Industrie de Nantes et de Saint-Nazaire créent en 1986, l’observatoire du commerce (OC 44). Pour J. Bonnet, alors vice-président de la CCI de Nantes, « la Chambre […], soucieuse que l’évolution de l’appareil commercial ne se traduise pas par des bouleversements à la fois traumatisants pour certaines catégories de commerces et néfastes pour certains consommateurs compte tenu de leur lieu d’habitation, a décidé de réagir… » (CCI Nantes Saint-Nazaire, 1987). Depuis plus de vingt ans, tous les trois ans, l’enquête de l’OC 44 dresse le portrait du commerce départemental. En 2004, une série d’innovations a permis de renforcer le contrôle des informations et d’apporter une plus grande richesse statistique (Hervé, 2004). En 2006, pour répondre à une demande d’étude de la communauté urbaine de Nantes Métropole, partenaire de l’Observatoire du Commerce, les 3 900 points de vente présents sur ce territoire ont fait l’objet d’un géocodage au numéro, ou à défaut, à la rue (CCI Nantes Saint-Nazaire, 2006).

L’article ci-après, présente quelques conclusions de cette étude.

La première partie expose les principaux chiffres du secteur commercial sur le territoire de Nantes Métropole. La deuxième partie démontre que les activités se concentrent préférentiellement aux périphéries de l’agglomération, mais aussi dans le centre-ville de Nantes, conformément au schéma classique d’organisation spatiale du secteur commercial (Metton, 1987 et 1991 ; Desse, 2001). La troisième partie s’intéresse aux lieux situés entre ces deux polarités majeures. L’analyse des chiffres indique une fragilisation réelle de ces espaces intermédiaires. Enfin, la quatrième partie analyse plus précisément la situation du sud-Loire.

1. Le commerce dans la communauté urbaine de Nantes Métropole

La communauté urbaine de Nantes Métropole se compose aujourd’hui de vingt-quatre communes. Celles-ci concentrent 48 % de la population départementale avec plus de 600 000 habitants, plus de la moitié des entreprises enregistrées au Registre du Commerce et des Sociétés et près des deux-tiers des emplois. Au niveau commercial, Nantes Métropole accueille 45 % des points de vente (3 900 magasins) du département et 48 % des surfaces de vente couvertes (780 000 m2). Les communes de Nantes, Saint-Herblain, Rezé et Orvault regroupent à elles quatre, plus de 80 % des locaux et des surfaces de vente (fig. 1).

Figure 1 : Concentration des établissements commerciaux sur le territoire de Nantes-Métropole (2004)

Image

Au sein de la communauté urbaine, les formes de distribution diffèrent sensiblement d’une commune à l’autre. Nantes regroupe 60 % des établissements de la communauté urbaine, mais seulement 38 % des surfaces de vente. Dans le centre-ville, les boutiques sont nombreuses mais petites. La surface moyenne d’un magasin nantais est de 124 m2, alors que sur des communes telles que Saint-Herblain ou Rezé, cette moyenne atteint respectivement 472 m2 et 350 m2. à l’image de la zone Atlantis ou de la route de Vannes à Saint-Herblain, les points de vente implantés sur ces communes sont essentiellement des grandes surfaces alimentaires ou spécialisées.

D’autre part, des différences s’expriment en termes de diversité de l’offre. La nomenclature exploitée dans l’Observatoire du Commerce contient une segmentation en cinq principaux domaines : alimentaire, équipement de la personne, équipement de la maison, hygiène-santé et culture-loisirs-divers. Le secteur hygiène-santé, par exemple, concentre près du quart des établissements pour seulement 7 % des surfaces de vente. Les données sont inverses dans le secteur de l’équipement de la maison, avec 13 % des points de vente pour 32 % des surfaces présentes sur Nantes Métropole.

2. La périphérie et le centre-ville, des lieux majeurs de centralité commerciale

Traditionnellement, le centre-ville des cités européennes correspond au lieu d’implantation historique des premières activités commerciales. Pour J.P. Lévy (1987), « le centre est l’espace d’exercice des activités tertiaires par excellence, du commerce, des affaires, un lieu de commandement ». Mais depuis quelques décennies, les espaces périphériques, théâtre du mouvement de périurbanisation, occupent une place majeure en termes de localisation des activités commerciales.

Les pôles commerciaux de périphérie, symboles de la consommation standardisée

Les facteurs de localisation d’un établissement commercial sont nombreux. Néanmoins, le choix de l’emplacement reste primordial. La fin des années 1960 marque la mutation de la localisation du commerce. Afin de satisfaire de nouvelles demandes, rendues possibles par l’essor de l’automobile, des enseignes s’installent en périphérie des villes. A. Metton (1991) traduit cette impression lorsqu’il déclare que « la conquête des parts de marché par le commerce périphérique s’effectue ainsi par l’arrachement progressif au centre-ville de secteur de consommation jadis assuré par le petit commerce que de nouvelles formes de vente rendent plus profitables en périphérie ».

Nantes ne fait pas exception, bien au contraire. Ainsi, M. Decré (arrière-petit-fils de Jules Decré créateur du grand magasin Decré en 1867, dans le centre-ville de Nantes), qui cherche un emplacement optimal pour créer le premier hypermarché de Loire-Atlantique, s’exprime ainsi : « Un jour, Marcel Fournier, vieil ami de la famille, est venu à Nantes. Je lui ai proposé un survol de l’agglomération et de ses environs. à trois cents mètres d’altitude, nous survolons la route de Nantes à Vannes […] située à plus de cinq kilomètres du centre-ville, c’est la rase campagne. Il est midi, nous notons le flux des voitures, par rapport aux autres sorties de Nantes. Marcel Fournier confirme que c’est un bon emplacement » (Desse, 2001). Depuis cette date, les centres commerciaux se sont multipliés aux abords du périphérique et des axes pénétrants de l’agglomération nantaise. Ce type de localisation permet non seulement de capter la clientèle à proximité, mais aussi d’atteindre, compte tenu de l’accessibilité, les populations d’un très large périmètre.

L’étude de la distribution spatiale des activités a permis de recenser dix centres commerciaux sur le territoire de Nantes Métropole. Le centre commercial est défini par la présence d’une grande surface alimentaire (plus de 2 500 m2), d’une galerie marchande et d’un nombre plus ou moins important d’activités commerciales diverses (grandes surfaces spécialisées, restauration…). La figure no 2 situe ces polarités.

Figure 2 : Surface (en m2) des centres commerciaux périphériques sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Image

La somme des surfaces de vente couvertes, permet de mesurer l’importance de cette forme de distribution. En effet, les 470 établissements comptabilisés au sein de ces 10 centres commerciaux recouvrent plus de 260 000 m2, soit 34,2 % des surfaces pour 12 % des points de vente de la communauté urbaine. Bien évidemment, les grandes surfaces s’y localisent de manière privilégiée : 87 % des surfaces de vente dépassent 300 m2. Dans ces 10 centres commerciaux, la surface de vente moyenne d’un magasin est très supérieure à la moyenne de Nantes Métropole (198 m2), puisqu’elle avoisine 600 m2.

Deux secteurs d’activités se taillent la part du lion. L’alimentaire avec 105 000 m2 et l’équipement de la maison (82 000 m2) rassemblent plus de 70 % des surfaces de vente couvertes. Les secteurs de l’équipement de la personne (14 %), culture-loisirs-divers (12 %) et hygiène-santé (3 %) complètent le tableau.

Ces quelques chiffres témoignent de l’importance du commerce périphérique sur le territoire de Nantes Métropole.

Une autre manière de mesurer l’impact des axes comme élément structurant de l’espace consiste à recenser les activités implantées de part et d’autre du périphérique.

La figure no 3 découle d’un traitement spécifique sous Mapinfo. La première étape consiste à localiser l’ensemble des magasins de plus de 300 m2, via l’opération de géocodage. Ensuite, il a fallu représenter le tracé du périphérique, puis créer une zone tampon d’un kilomètre autour de cette polyligne. Enfin, la dernière phase de comptage des établissements, puis d’agrégation des données permet de confirmer la pertinence de la requête spatiale.

Figure 3 : Localisation des magasins de plus de 300 m2 à proximité du périphérique nantais (2004)

Image

Les résultats montrent le rôle de catalyseur joué par le périphérique. à deux kilomètres autour de cet équipement, près de 150 magasins de plus de 300 m2 sont implantés (237 538 m2), ce qui représente seulement 3,5 % des points de vente mais plus de 30 % des surfaces couvertes de Nantes Métropole. La carte no 3 souligne remarquablement le phénomène d’entrée de ville en particulier, au croisement du périphérique avec les grands axes structurants du département : route de Vannes, route de Paris, route de Clisson.

Le centre-ville de Nantes, premier pôle commercial de Nantes Métropole

Face à la montée en puissance des activités en périphérie, certains ont prédit la mort du centre-ville. En 1997, J.P. Lehman, président de la fédération nationale des centres-villes affirme que « tout va mal dans les villes, les commerçants du cœur de nos cités souffrent de plus en plus de la concurrence périphérique » (Desse, 2001). Ce point de vue paraît tout de même excessif. Certes il ne faut pas minorer les difficultés rencontrées par certains commerces ou services d’usage quotidien. Mais, les activités du centre-ville, bien que fragilisées, ont su en partie s’adapter aux nouvelles demandes des consommateurs.

Au niveau quantitatif, le centre-ville de Nantes, classé dans l’étude comme le seul « pôle commercial régional », compte 1 127 magasins, soit 30 % du total de l’agglomération, mais seulement 117 000 m2 de surfaces de vente couvertes, soit 15 % de l’ensemble des surfaces de Nantes Métropole. Cette statistique est bien sûr liée à la surface moyenne faible des magasins implantés dans un tissu urbain dense. Néanmoins, le centre-ville possède de nombreux atouts, et notamment la qualité de son cadre urbain. Selon J.P. Bondue (1987), à l’inverse des cœurs anciens des villes européennes, « les centres commerciaux sont dépourvus de l’épaisseur historique et du contexte affectif propres à certaines catégories d’achat ». La spécialisation du centre-ville dans le secteur de l’équipement de la personne illustre ces propos. L’observation de la figure no 4 indique en effet, une concentration très forte des points de vente vestimentaire dans le centre-ville de Nantes (384 magasins, un tiers des points de vente du centre-ville). Le centre-ville concentre donc 50 % des magasins d’équipement de la personne de l’agglomération et 40 % des surfaces de vente couvertes de ce secteur d’activités.

Figure 4 : Répartition des établissements d’équipement de la personne sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Image

Cette deuxième partie a permis de mettre en lumière les deux principales polarités commerciales de l’agglomération : le périphérique et le centre-ville. Mais qu’en est-il des autres espaces ? Pour A. Metton (1987), on assiste à « un déclin des centres secondaires, de quartier ou d’îlot, durement touchés par la déflation massive du petit commerce alimentaire, de l’habillement et des cafés ». L’étude des pôles de proximité sur Nantes Métropole lui donne en partie raison.

3. Les pôles commerciaux de proximité structurent finement le territoire, mais leur poids reste faible

Sur le territoire de Nantes Métropole, une cinquantaine de pôles commerciaux est considérée comme étant des pôles de proximité, avec une aire de chalandise limitée à deux ou trois quartiers pour les plus importants. Cette classification prend en compte le nombre et la diversité des magasins présents. La plupart de ces polarités (70 %) se localise sur la commune de Nantes. Quantitativement, ils ne représentent que 19,6 % du total des magasins de l’agglomération et seulement 10,5 % des surfaces de vente couvertes.

Portrait d’un pôle de proximité

Un pôle de proximité compte en moyenne une dizaine de commerces ou services, le plus souvent organisés autour d’une moyenne surface alimentaire. La spécialisation des activités s’avère réelle, avec une forte représentation des secteurs de l’alimentaire (47 % des surfaces de vente) et hygiène-santé (35 % des établissements). Il y a toujours une boulangerie et un salon de coiffure sur chacun des pôles de proximité identifiés. à l’inverse, le secteur de l’équipement de la personne est quasiment absent (3 % des résultats). Cela s’explique par l’usage quotidien de la majorité des commerces implantés dans ces pôles de proximité.

Cette description générale masque néanmoins des disparités. Certains de ces pôles possèdent en effet une offre plus étoffée et plus diversifiée, ainsi qu’une aire d’attraction plus vaste. La capacité à être lisible, liée au positionnement géographique, devient un facteur de localisation décisif.

Une concentration des activités commerciales de proximité autour des principaux nœuds de communication

Les trois polarités de proximité les plus importantes dans la communauté urbaine se situent, à Nantes, au niveau de la jonction de la première ceinture de boulevards et d’axes majeurs de circulation. Il s’agit des quartiers du rond-point de Paris, du rond-point de Rennes et du rond-point de Vannes. D. Pumain et T. Saint-Julien (1997) mettent en relief l’importance de ces lieux : « le centre, le carrefour, le nœud de circulation, sont des éléments essentiels dans la spatialité des sociétés humaines ». Dans le même ouvrage, C. Raffestin estime lui aussi que « les nœuds d’un réseau sont des lieux privilégiés […] qui se distinguent des autres parties du territoire ».

Ces trois pôles de proximité majeurs regroupent chacun une vingtaine d’établissements, soit le double des autres pôles de proximité. Par contre, la surface moyenne d’un magasin reste identique, avec une valeur de 105 m2. La surreprésentation des secteurs de l’alimentaire et de l’hygiène-santé est également observée. Enfin, l’implantation d’autres activités de service, exclues du champ de l’Observatoire du Commerce, confirme l’attractivité de ces lieux. Au cours de l’enquête sur le commerce, les CCI Nantes Saint-Nazaire ont procédé à un recensement des locaux commerciaux. L’étude de cette base de données, également géolocalisée, indique une forte implantation des services bancaires, immobiliers, et intérimaires. Les pôles de proximité du rond-point de Rennes et du rond-point de Paris, accueillent respectivement neuf et dix établissements, alors que la norme se situe autour de deux points de vente. La grande accessibilité et la visibilité offertes par ces lieux expliquent cette concentration commerciale. Il s’agit, pour C. Gibout (1998), d’un facteur clé pour comprendre les choix de localisation commerciale : « la société emportée par une frénésie de communication se caractérise par une prolifération de messages auxquels le citoyen est confronté. […] Toute réalité est mesurée à sa capacité de se montrer ».

La distribution des activités commerciales sur le territoire de Nantes Métropole n’est évidemment pas homogène. Il existe, à Nantes comme ailleurs, des lieux attractifs qui polarisent les établissements, et d’autres à l’inverse, fragilisés. Depuis de nombreuses années, le discours de certains élus, dénonce le sous-équipement des communes de l’agglomération nantaise situées au sud de la Loire. Qu’en est-il aujourd’hui ?

4. Le sous-équipement commercial des communes du sud-Loire ? Une idée reçue qui n’a plus cours

La ville de Nantes fut construite sur un site de confluence (Texier, 1991). Selon A. Dauphiné (1987), « un fleuve ou une montagne a de nombreuses conséquences sur l’organisation de l’espace terrestre […]. Même l’espace urbain parisien ou londonien doit intégrer une composante physique comme la présence de la Seine ou de la Tamise ».

À Nantes, au XVe siècle, le transport des denrées alimentaires semble limité par le fleuve, malgré les moyens mis en œuvre : « Elle (la Loire) est, au contraire, un obstacle majeur […]. Les bacs nombreux, puisque chaque seigneurie possède le sien, n’assurent qu’un trafic modeste » (Texier, 1991). Plus tard, la ville se développa préférentiellement au nord sous l’influence des armateurs. Cette distinction ancienne entre les deux rives de la Loire perdure jusqu’au milieu des années 1960. Jusqu’alors, un seul pont, celui de Pirmil, rejoint la rive sud. En 1966, le pont de Beaulieu double le passage et, cinq ans plus tard, le pont de Bellevue fonde les prémices du périphérique. Ce n’est donc qu’à partir des années 1970, qu’une véritable relation s’établit entre la ville de Nantes et sa banlieue sud. Néanmoins, malgré ces avancés, des écarts persistent. Ainsi, « le secteur sud a été touché plus tardivement que le nord de la Loire par le phénomène [de périurbanisation] en raison des difficultés de franchissement du fleuve » (Bouget, 1990). L’examen de la période 1968-1975 montre que la population croît annuellement d’environ + 12,1 % à Sautron et de + 10,7 % à la Chapelle-sur-Erdre. Les valeurs observées au sud de la Loire indiquent de plus faibles gains de + 5 % à Basse-Goulaine et seulement + 2,9 % à Saint-Sébastien-sur-Loire. Cette tendance perdure pendant la période 1975-1982. Ensuite, la situation s’inverse. De 1982 à 1990, la croissance annuelle de Basse-Goulaine s’élève à + 4,68 %, alors que des communes comme Sautron ou la Chapelle-sur-Erdre connaissent un rythme plus faible, respectivement + 3,18 % et + 2,42 %. La croissance reste même négative pour la commune d’Orvault (- 0,07 %). Enfin, lors de la dernière décennie du XXe siècle (1990-1999), la situation évolue dans le même sens, les communes du sud-Loire enregistrent globalement des croissances annuelles plus élevées que les communes du nord-Loire.

La figure no 5 présente les densités commerciales par commune. La moyenne calculée pour Nantes Métropole est de 1 406 m2 pour 1 000 habitants. Les valeurs des deux rives de la Loire sont quasiment identiques, même si le nord-Loire conserve une légère avance, 1 422 m2 pour 1 000 habitants, contre 1 357 m2 pour 1 000 habitants au sud du fleuve. Il faut enfin noter que la petite commune de Basse-Goulaine possède, avec le centre commercial Pôle Sud, la densité la plus élevée du territoire d’étude, avec 3 850 m2 pour 1 000 habitants.

Figure 5 : Densité commerciale par commune sur le territoire de Nantes Métropole

Image

La perception du sous-équipement commercial de la partie sud-Loire de la communauté urbaine ne correspond pas aujourd’hui à la réalité, du moins pour le secteur commercial. Les phases d’urbanisation et de périurbanisation qui ont touché le sud-Loire dans les années 1980 et 1990, se sont accompagnées d’un renforcement des zones commerciales avec l’implantation des centres commerciaux « Pôle Sud » à Basse-Goulaine, « Saint-Seb’ Boulevard » à Saint-Sébastien-sur-Loire et « Océane » à Rezé.

Conclusion : Vers un schéma de synthèse de l’organisation du commerce nantais

Cet article a permis d’esquisser, à grands traits, la structuration du commerce nantais (fig. 6). Son organisation spatiale reste conforme au schéma classique des autres agglomérations françaises. Le centre-ville, dont le poids relatif est moindre qu’autrefois, conserve une place à part. La tradition d’échange, la diversité des activités présentes, l’accessibilité en transport en commun et le cadre urbain unique lui procurent des atouts de premier ordre. Néanmoins, les centres commerciaux périphériques, situés tant au nord qu’au sud de la communauté urbaine, ne cessent d’étendre leur influence. La mobilité individuelle, la modification de l’offre commerciale et l’adaptation des comportements des consommateurs expliquent en partie cet engouement. Les espaces commerciaux de proximité semblent les plus menacés. R.P. Desse (2001) traduit bien cette impression : « dans beaucoup de quartiers, on est arrivé au stade où l’offre n’est plus suffisante, et où la seule alternative c’est l’hypermarché ». Malgré tout, quelques zones situées à proximité immédiate d’axes majeurs de circulation parviennent à se maintenir.

Figure 6 : Schéma de l’organisation du commerce sur le territoire de Nantes Métropole (2004)

Image

La prochaine mise à jour de l’Observatoire du Commerce est prévue pour mai 2008. La base de données subira un traitement SIG identique à 2004. Il sera alors temps d’évaluer les modifications, les recompositions du tissu commercial de Nantes Métropole.

Bibliographie

BONDUE J.P., 1987. Le commerce urbain et le rapport centre-périphérie, Bulletin de l’Association des géographes français, no 4, pp. 327-336

BOUGET M.P., 1990. Les bourgs de onze communes du sud de l’agglomération nantaise face à la périurbanisation, problèmes, évolutions, IGARUN, 143 p.

CCI Nantes Saint-Nazaire, 1987. Enquête 90, 139 p.

CCI Nantes Saint-Nazaire, 2006. Les pôles commerciaux de Nantes Métropole, 140 p.

DAUPHINE A., 1987. Les modèles de simulation en géographie, Géographia Economica, Paris, 187 p.

DESSE R.P., 2001. Le nouveau commerce urbain, dynamiques spatiales et stratégie des acteurs, PUR, 198 p.

GIBOUT C., 1998. Les entrées de ville : une affaire de commerce ou d’hospitalité, Les Annales de la recherche urbaine, no 78, pp. 109-113

HERVÉ G., 2004. Approche méthodologique et SIG de l’Observatoire du Commerce des CCI Nantes Saint-Nazaire, Université Paris XII, 332 p.

LEVY J.P., 1987. Réflexions sur l’évolution contemporaine des centres-villes, Bulletin de l’Association des géographes français, pp. 307-311

METTON A., 1987. L’évolution du commerce français, Bulletin de l’Association des géographes français, no 3, pp. 246-253

METTON A., 1991. Le comportement d’achat en centre-ville et en périphérie des grandes agglomérations françaises, Bulletin de l’Association des géographes français, no 2, pp. 161-170

PUMAIN D., SAINT-JULIEN T., 1997. L’analyse spatiale, localisation dans l’espace, Paris, Armand Colin, 167 p.

SANDERS L., 2001. Modèles en analyses spatiales, Paris, Lavoisier, 333 p.

TEXIER, 1991. Nantes dans l’Histoire de la France, Rennes, Ouest Editions, 247 p.

Illustrations

Figure 1 : Concentration des établissements commerciaux sur le territoire de Nantes-Métropole (2004)

Figure 1 : Concentration des établissements commerciaux sur le territoire de Nantes-Métropole (2004)

Figure 2 : Surface (en m2) des centres commerciaux périphériques sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Figure 2 : Surface (en m2) des centres commerciaux périphériques sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Figure 3 : Localisation des magasins de plus de 300 m2 à proximité du périphérique nantais (2004)

Figure 3 : Localisation des magasins de plus de 300 m2 à proximité du périphérique nantais (2004)

Figure 4 : Répartition des établissements d’équipement de la personne sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Figure 4 : Répartition des établissements d’équipement de la personne sur le territoire de Nantes Métropole en 2004

Figure 5 : Densité commerciale par commune sur le territoire de Nantes Métropole

Figure 5 : Densité commerciale par commune sur le territoire de Nantes Métropole

Figure 6 : Schéma de l’organisation du commerce sur le territoire de Nantes Métropole (2004)

Figure 6 : Schéma de l’organisation du commerce sur le territoire de Nantes Métropole (2004)

Citer cet article

Référence électronique

Gaëtan Herve, « Le commerce sur le territoire de Nantes Métropole : un modèle d’organisation spatiale conforme au schéma des villes françaises », Cahiers Nantais [En ligne], 1 | 2008, mis en ligne le 29 avril 2021, consulté le 19 avril 2024. URL : http://cahiers-nantais.fr/index.php?id=626

Auteur

Gaëtan Herve

Chargé d’études, Chambre de Commerce et d’Industrie Nantes Saint-Nazaire16, quai Ernest Renaud BP 9051744105 Nantes Cedex 4

Droits d'auteur

© Copyright